Spleen...Le Sanglot De La Terre......
Jules Laforgue (1860-1887),
Spleen (Le Sanglot de la terre, 1901)
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau.
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie.
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.
Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah! sortons, je verrai peut-être du nouveau.
Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...
Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul je ne puis dormir et je m'ennuie encor.
7 novembre 1880
A lire, on a l’impression de sombrer dans un malaise émis par Jules Laforgue, le chapitre tel qu’il a été décrit, nous touche entant que lecteur et nous entraîne dans un spleen ressemblant au style baudelairien qui essaye de trouver une issue pour aérer son esprit suffoqué par le train-train de sa vie, nous voici ensuite avec ses yeux de poète traverser son esprit riche en images et inspiration qui fait de lui un poète soigneux et doté d’une force influençable qui d’emblée nous donne du goût et du plaisir pour continuer à suivre la chaîne de ses pas à petites scènes originales avec un décor intérieur et extérieur minutieux d’où ressortent du nouveau dans le style narratif pour enfin arriver à un stade d’ennui inachevé persistant que même le lit n’a pu changer…le sommeil tant recherché ne pourrait non plus guérir ce mal vécu dirons-nous mal du siècle ?
Ainsi, ce qui passionne dans cette lecture, est la façon de narrer aussi jeûne qu’il était ‘avec son vieil esprit’ démontre que la sagesse était de mise par rapport à son âge submergé par un dégoût de routine ressorti en haute sphère, telle la grisaille du climat citée et la recherche d’un espoir…le décor est ancien mêlé à un peu de modernité accentuée pour améliorer le texte, le simplifier et l’habiller d’une texture pour changer la cadence d’une vie menée, le vouloir du changement est plausible mais ce retour du début nous stagne et nous pousse à avoir un petit plus… car la fin n’est que le retour au point de départ…la classification des rimes est parfaite, le ton aussi bien qu’il soit puissant… reste très précis et léger… un point fort qui relie l’héritage et la modernité.
Rubilite le Rubis
Le 20/02/2013
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